Samedi 22 Mars, 2025 - 10:09 AM / Abidjan +33
Samedi 22 Mars, 2025 - 10:09 AM / Abidjan +33
Faits Divers

Présence militaire française en Côte d'Ivoire : une redéfinition inédite.

Partages sur Facebook Partages sur Twitter + Partages sur WhatsApp
Single Post
Enluminure
Tâche accomplie.  Il y a quelques jours, le camp militaire français de Port-Bouët, souvent désigné comme 43e BIMA d'après ce bataillon d'infanterie de marine établi en 1978, a officiellement été transféré sous contrôle ivoirien.  Le 20 février, dans une chaleur écrasante et sous l'observation intense de six groupes de forces armées ivoiriennes et françaises, le drapeau de la Côte d'Ivoire a enfin été hissé au-dessus de cet endroit profondément symbolique.  Nichée au sud d'Abidjan, l'étendue de 230 hectares a longtemps servi à la France pour déployer ses forces en Afrique de l'Ouest, que ce soit en mer avec un camp établi sur le golfe de Guinée, ou sur terre et dans les cieux.
Lors de la crise intense de 2004 qui a plongé Paris dans un interventionnisme désordonné, jusqu'à 5 000 militaires avaient effectué des rotations sur cette base, résultat d'une collaboration de longue date.  Un premier traité de défense a été conclu dès 1961, juste après l'accession à l'indépendance.  Si la relation entre la France et la Côte d'Ivoire évolue vers une « diminution de l'influence française en Afrique », comme le suggère Jean-Marie Bockel (représentant personnel d'Emmanuel Macron), cela ne signifie pas pour autant une cessation des interactions sur le plan de la sécurité.  Au contraire, cette transition attendue, décrite comme un « point de départ », vise à favoriser un nouveau type de collaboration sur le continent.
Par consensus général
 Sur place, les salutations militaires de circonstance ont cédé la place à une cérémonie caractérisée par une gravité solennelle.  Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, et son collègue ivoirien Téné Birahima Ouattara (frère du président Alassane Ouattara), ont successivement occupé le pupitre, tous deux désireux de souligner la nature collaborative de la décision.  « C'est l'esprit d'Abidjan qui a guidé ce processus », soulignait Lecornu, alors que M. Ouattara évoquait la « détermination des deux présidents » ; une intention de se présenter ensemble dans un contexte régional où l'influence française est contestée.  Il convient de noter que cette rétrocession a été orchestrée pendant plusieurs mois, avec un nombre considérable de soldats français qui ont progressivement quitté le territoire ivoirien.
« Le ministre de la Défense ivoirien a déclaré : « Notre collaboration militaire continuera à être aussi excellente qu'elle l'a toujours été ».  Dans un « univers ardu et compliqué » où « le terrorisme persiste », un membre du gouvernement français soulignait de son côté la nécessité de renforcer les forces de sécurité intérieure.  Parce que les groupes armés continuent de poser une menace aux nations côtières d'Afrique de l'Ouest le long de leurs frontières du nord ; cela se reflète dans les quatre assauts que la République du Bénin, voisine, a endurés depuis le commencement de 2025, entraînant le décès d'au moins quarante soldats.  Ces allocutions plutôt fraternelles ont abouti à la signature des documents officialisant le retour du camp, qui sera désormais dénommé Ouattara Thomas d'Aquin.Cette décision, qui rend hommage au premier chef d'état-major après l'indépendance, est aussi perçue comme un puissant symbole.  Ce militaire de haut rang avait intégré les tirailleurs sénégalais en 1939, puis s'était battu aux côtés des Forces françaises libres.  Le lien, loin d'être fragile, persiste de manière vivante jusque dans les noms.
Une collaboration fraîche à l'essai Abidjan se distingue ici, quelques mois seulement après que le Sénégal et le Tchad ont décidé de mettre fin presque en même temps à leurs pactes de défense.  « La situation en Côte d'Ivoire est unique ; au Sénégal, les autorités françaises ont complètement restitué leurs territoires sans option de maintenir une présence militaire », souligne le professeur et chercheur, expert en matière de défense et de sécurité internationale, Eddie Guipié.  C'est un moyen de rappeler qu'une centaine de soldats français demeureront affectés au camp Ouattara Thomas d'Aquin pour accomplir, entre autres tâches, des missions d'instruction pour leurs homologues ivoiriens. La situation actuelle diffère grandement de celle vécue par les forces françaises lors de leur retrait du Sahel, notamment au Burkina Faso et au Mali. En effet, la France n'y avait pas d'ancrage historique, mais simplement des missions dont la fin était envisageable.
Sur le plan pratique, il est encore compliqué de définir précisément les contours de cette collaboration franco-ivoirienne remodelée, dont la supervision sera confiée au Commandement pour l'Afrique.  Conçu il y a moins d'un an sur la base d'un modèle américain.  Sébastien Lecornu a en tout cas évoqué l'existence de « nouveaux modèles de financement » à l'étude pour équiper les quatre branches des forces armées ivoiriennes.  De plus, le ministre français avait souligné l'importance de contrôler les cieux et l'espace pour une réponse plus efficace aux enjeux de sécurité actuels.
Ainsi, les observateurs attentifs auront remarqué que la première édition du Siade (Salon international de l'intelligence artificielle, de la défense et de l'espace), qui regroupe divers acteurs internationaux, a été organisée cette même semaine. Parmi eux se trouve la société française Prométhée Earth Intelligence qui offre notamment des services de surveillance par satellite des frontières spatiales.  Peu de temps avant la rétrocession, le ministre ivoirien de la Défense révélait aussi à nos collègues de RFI que l'armée française de l'air allait prochainement former des pilotes sur la base aérienne de Bouaké, située au cœur du pays.
« En dépit des bouleversements géopolitiques dans la sous-région, les responsables ivoiriens s'efforcent d'affirmer la robustesse de leurs liens avec la France », conclut l'érudit Eddie Guipié.  Sur le plan militaire, Paris peut maintenant s'appuyer sur deux installations en Afrique, dont le vaste complexe à Djibouti de 400 hectares et sur une poignée d'effectifs qui demeureront déployés au Gabon, en Afrique centrale.  Cependant, il est certain qu'Abidjan restera un point crucial pour la France. Les propos du ministre des Armées, M. Lecornu, en sont le reflet : « La Côte d'Ivoire est un exemple économique remarquable pour toute la région ».  Il ne faut pas le détériorer.


Partages sur Facebook Partages sur Twitter + Partages sur WhatsApp

0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.

Commentez cet article

Auteur Commentaire : Poster votre commentaire

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email

Identifiez-vous

Don't have an account? Registration
OR